Interviews mit Botschafter Caspi zur aktuellen Lage

 

Am vergangenen Wochenende gab der Botschafter Israels in Bern, Yigal B. Caspi, zwei Interviews in der Schweizer Presse, in denen er die Sicht Israels zur aktuellen Lage dort darlegt. Er kommentiert dabei auch den Besuch von Mahmoud Abbas in Bern und die Entscheidung der Schweiz hinsichtlich UN-Abstimmung Ende November.

 

In der Sonntagszeitung am 18.11.2012

 

«Es gibt keinen anderen Weg als militärische Gewalt»

Yigal B. Caspi, Israels Botschafter in der Schweiz, über die Eskalation im Konflikt mit der Hamas

Führt Israel einen neuen Krieg in Gaza?

Wir erleben eine gefährliche Eskalation. Israel kann nicht hinnehmen, dass täglich Raketen auf unser Gebiet gefeuert werden. Die Menschen leben in ständiger Angst. Der Beschuss muss aufhören, dafür werden wir alles tun.

Kann Israel die Raketen mit militärischen Mitteln stoppen?

Es gibt keinen anderen Weg. Diese Terrororganisationen lernen nur durch Gewalt. Wir reden vom Friedensprozess, von Koexistenz. Aber solange die Hamas Israel als Staat nicht anerkennt, sich weigert, der Gewalt als politischem Mittel abzuschwören und sämtliche Abkommen zwischen der Palästinensischen Autonomiebehörde und Israel zu respektieren, sind Verhandlungen unmöglich.

Israel bereitet eine Bodenoffensive vor.

Wir hoffen nicht, dass es so weit kommt. Der Gazastreifen ist dicht besiedelt, die Hamas versteckt sich hinter Zivilisten. Wir wollen nicht, dass es auf beiden Seiten viele Tote gibt. Wir wollen, dass es schnell vorbei ist.

Vergangene Woche warb Palästinenserpräsident Mahmoud Abbas bei Bundesrat Didier Burkhalter für die Aufwertung des Status der Palästinenser in der UNO. Was erwarten Sie von der Schweiz?

Wir halten nichts von dem Weg über die UNO. Eine solche unilaterale Massnahme bedeutet eine Verletzung des Interimsabkommens von 1995 zwischen Israel und der Palästinensischen Autonomiebehörde. Wir hoffen, dass die Schweiz sich davon leiten lässt, was den Frieden fördert: direkte Verhandlungen.

(© SonntagsZeitung; 18.11.2012; Seite 10, Katia Murmann)

 

 

Auf Französisch in 24 heures / Tribune de Genève

Opération «Pilier de défense»

«Le Hamas ne nous laisse pas le choix, il faut arrêter ces tirs de roquettes»

Andrés Allemand

Interview du nouvel ambassadeur d’Israël à Berne, qui défend l’offensive contre Gaza

 

L’ambassadeur Yigal Caspi est en poste à Berne depuis le 16 juillet. Direct et décomplexé, il n’a pas pour habitude de mâcher ses mots. En pleine offensive contre la bande de Gaza, le diplomate explique les raisons de son pays. Interview sans gants.

 

Jusqu’à quand cette attaque? Quel est l’objectif militaire?

L’objectif est simple: détruire le plus possible de sites de lancement de roquettes Qassam. Sans doute pas tous. D’ailleurs, certains sont sûrement mobiles. Par la même occasion, nous avons démontré l’efficacité de notre «Dôme de fer»(ndlr: système d’interception des missiles). Malgré la trajectoire irrégulière des Qassam, nos ordinateurs peuvent calculer le point d’impact en Israël. Si c’est en zone habitée, on tente de les détruire avant. Bref, la mission, c’est d’arrêter les tirs de roquettes. Il y en a eu sept cent cinquante cette année, septante rien que le week-end dernier! C’est inacceptable pour la population israélienne. Les parents n’osent plus envoyer leurs enfants à l’école. Aucun pays au monde n’accepterait ça. Régulièrement, nous devons intervenir. Le Hamas ne nous laisse pas le choix. Et il y a malheureusement des victimes: vingt et un Palestiniens et trois Israéliens sont déjà morts.

Faut-il craindre une nouvelle hécatombe, comme il y a quatre ans?

Nous essayons de frapper les objectifs avec précision, mais quand même: ce sont toujours vingt-quatre morts de trop. Sans parler des blessés et des dégâts matériels. Franchement, nous ne comprenons pas à quoi servent toutes ces attaques palestiniennes. Il y a quelques jours l’émir du Qatar est allé à Gaza promettre des fonds pour la reconstruction. Résultat: le Hamas provoque une guerre avec Israël. Alors, bien sûr, on nous dit que c’est en fait le djihad islamique qui lance ces roquettes. Alors quoi? Le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza ou pas?

Pourquoi avoir déclenché cette opération «Pilier de défense» alors que les Palestiniens étaient prêts pour une trêve?

Notre gouvernement les a piégés. Nous avons convaincu les groupes palestiniens qu’Israël allait arrêter de réagir aux tirs de roquettes. C’est ce qui a permis l’attaque surprise contre le chef militaire du Hamas. C’est comme ça qu’on fait la guerre. Cela permet de raccourcir les opérations.

Pourquoi avoir déclenché ces hostilités juste maintenant?

Ce n’est pas comme si Israël avait simplement décidé d’attaquer! Il y a eu cette offensive palestinienne il y a dix jours…

Rien à voir avec la tournée du président Abbas pour faire reconnaître ce mois à l’ONU l’Etat palestinien?

Rien à voir. Le Hamas et l’Autorité palestiniennes sont deux entités distinctes.

La Suisse ne compte pas voter contre l’Etat palestinien. Comment réagissez-vous?

Nous sommes en dialogue. J’ai été heureux d’entendre M.  Burkhalter dire que l’important, pour la Suisse, c’est de favoriser le processus de paix. Nous essayons de convaincre les Occidentaux que le timing est mauvais pour un vote. Laissons passer les élections israéliennes de janvier.

Israël dit qu’il est prématuré de reconnaître à l’ONU un Etat palestinien. Cette offensive n’appuie-t-elle pas ce discours?

Non, ça ne change rien. Les Palestiniens peuvent de toute manière compter sur plus de 120 voix favorables à l’ONU. Nous essayons de convaincre les pays occidentaux de ne pas soutenir cette démarche. La plupart estiment qu’Israël a un droit à l’autodéfense, donc cette offensive ne les fera pas changer d’avis si le nombre de victimes civiles reste réduit.

Pourquoi serait-il grave qu’un Etat palestinien soit reconnu?

A quoi ça rime? L’Autorité palestinienne veut-elle la négociation ou la bagarre? Si les Palestiniens obtiennent le statut d’Etat observateur à l’ONU, ils pourront devenir membres d’agences onusiennes et de la Cour pénale internationale. Nous craignons des batailles juridiques contre Israël. Au lieu de s’asseoir à la table des négociations. On nous dit que c’est impossible à cause des implantations juives en Cisjordanie, mais notre premier ministre(ndlr: Benjamin Netanyahou)a gelé les implantations pendant dix mois et ils ont refusé de négocier. Ça n’a pas de sens.

Le gel de la colonisation n’a jamais concerné Jérusalem-Est, point ultrasensible. Pourquoi?

Jérusalem ne sera jamais divisée. C’est notre position officielle. Là-dessus, il y a un consensus national. Aucun gouvernement israélien ne peut y toucher. Mais dans le passé, il y a déjà eu des pourparlers sans poser de telles exigences. On sait bien qu’il n’y aura pas de solution sans sacrifices. Quand nous avons décidé d’évacuer les implantations juives de la bande de Gaza, nous l’avons fait. Qu’avons-nous récolté? Des roquettes! C’est pour ça que la gauche israélienne a presque disparu: les partenaires palestiniens ne sont pas crédibles. Le peuple élit les politiciens qui assurent sa sécurité. En Israël comme partout.

Donc Benjamin Netanyahou va cartonner aux élections de janvier?

J’ai lu comme vous des articles accusant le gouvernement d’avoir lancé l’offensive à Gaza pour des raisons électoralistes. Mais je ne suis pas convaincu. Ce serait un pari très risqué. Cela dépend toujours de l’issue.

N’avez-vous pas pris le risque de ressouder les Palestiniens derrière le Hamas?

A chaque fois, ils font corps. C’est normal. Mais ça ne dure pas.

Et l’Egypte? Ne poussez-vous pas le pouvoir à se radicaliser?

Nous jugeons l’Egypte par ses actions, pas par les discours de certains. Les Frères musulmans ont des liens avec le Hamas, mais le président Morsi n’a pas remis en question les accords avec Israël. Dans le passé, l’Egypte a joué un rôle important de médiation. Le premier ministre était ce vendredi à Gaza, je ne sais pas ce qu’il a dit aux leaders du Hamas. Mais, en réalité, ce qui nous inquiète, c’est plutôt les djihadistes internationaux qui circulent dans le Sinaï, hors de contrôle du Caire, qui a bien d’autres chats à fouetter.

(© 24 heures; 17.11.2012; Seite 6vc6, André Allemand)